Note: 3/5 (bon)
Genre(s): Action aventure, Metroidvania
Développeur(s): Tecmo
Date de sortie initiale: 17 avril 1987
Découverte: Fin 2015
Testé sur: Virtua NES (émulateur NES)

Adapté d’un jeu d’Arcade datant de 1986, la version NES de Rygar prend beaucoup de libertés avec son modèle d’origine. Au Hack’n Slash original s’est substitué un metroidvania avant l’heure, avec en prime des passages en vue de ¾. Au début ça pique un peu les yeux, on ne sait trop où aller dans ce décor un peu monotone qui n'aide pas à l'orientation. Puis on découvre un bug, qui semble nous ramener aléatoirement au début du niveau ou à un point plus avancé à chaque échec… Mais Rygar (1) est étonnamment maniable. Bien qu’une nuée d’ennemis nous assaille, on se défait de l’adversité avec aisance grâce au diskamer, une sorte de yoyo-bouclier-avec-des-lames-qui-tuent-et-qui-font-mal, non sans un certain plaisir. Avec un peu de persévérance, on finit par décrypter cet obscur level-design et même sortir de la première zone montagneuse… Vous venez de passer votre premier checkpoint.

Alors oui, Rygar a des défauts, il est même bourré de petits problèmes de finitions. Avec un peu d’efforts, Tecmo aurait pu sortir un véritable chef d’œuvre. Ça ne tient pas à grand-chose. Quelques ennemis ont une fâcheuse tendance à apparaitre juste sous notre nez, le souterrain visible dans la version Arcade qui nous permet d’anticiper quelques irruptions n’ayant pas été reproduit. Des cordes permettant de passer d'une zone à l'autre sont aussi agaçantes que les escaliers des premiers Castlevania. Il n'est possible de quitter certains niveaux sans recourir au suicide. Les passages en vue de ¾ ne permettent pas les déplacements en diagonale (sauf si l’on saute…). Enfin, le dosage de la difficulté est un peu aléatoire, ce qui peut rebuter les moins téméraires.

Le pire aspect du jeu se révèle être ses tyroliennes, que l’on croise rapidement, mais qu’on ne pourra utiliser qu’une fois un certain objet acquis. Au cours de notre périple, perdu, on a recour à une soluce pour nous apercevoir que la suite du jeu se trouvait là où nous avions pourtant déjà essayé à plusieurs reprises de tendre un filin à cette maudite souche d’arbre. Une manœuvre qui s’avère, comme beaucoup d’autres, plus simple à réaliser dans les sections vues de côté.

Rygar est pourtant attachant, il possède ce don de savoir nous récompenser au bon moment. C’est ça, qui fonctionne, dans ce qu’on appelle aujourd’hui les metroidvanias. Acquérir de nouvelles compétences au fur et à mesure de la progression donne de la profondeur au jeu, et Rygar récite le manuel alors en cours d’écriture avec application. Il aurait certes pu être plus varié dans ses décors (surtout dans Garloz, qui fait office de hub principal du jeu), un peu plus clair dans ses indications, nous éviter ces détours où il n’y a rien d’autre à faire que de marcher, mais Rygar est trop court pour rendre tous ces détails gênants au point de l’abandonner.

Le vrai défaut qui posait problème en 1990, c’était l’absence de sauvegarde. Pour terminer Rygar, il fallait donc apprendre avec assiduité l’emplacement des objets à acquérir avant l’affrontement final (2). On ne saurait dire aujourd’hui combien de temps il fallait pour faire le jeu de bout en bout une fois le parcours maîtrisé. Mais s’atteler à Rygar demandait certainement d’avoir quelques heures de libre devant soi et l’absence d’une autorité parentale menaçant de débrancher la console si vous ne rangiez pas votre chambre illico presto. Aujourd’hui, les émulateurs et leurs sauvegardes à la volée ont réglé le problème, et l’on s’aperçoit qu’il ne faut qu’une poignée d’heures pour venir à bout du périple. Une aventure oubliable mais qui possède la saveur du retro gaming. C’est tout ce qu’on en demandait.

(1) Le personnage principal du jeu Rygar est victime du syndrome Link. Nous ne parlons pas demutisme, dont il est également atteint, mais de confusion des noms. En effet « Rygar » désigne à l’origine le nom de l’antagoniste et non du héros, qui n’est référencé qu’en tant que « Guerrier Légendaire » dans la version japonaise. La Némésis du héros sera renommée Ligar dans la version anglaise (la transposition étant correcte puisque les japonais ne font pas la distinction entre le L et le R), laissant ainsi le nom "Rygar" libre pour le héros.

(2) Notez que la version PAL possède un bug bloquant. En ayant voulu augmenter la difficulté pour le marché européen, l’équipe a en effet rendu le boss de fin invincible. Préférez donc la version us.