Sorti dans la foulée d’enthousiasme du Summer of Arcade 2008, Castle Crashers s’est rapidement fait un nom auprès des possesseurs de Xbox 360. Au point même qu’il a longtemps trusté l’une des premières places du top des jeux les plus appréciés du support. Avouons que l’idée rafraichissante de promouvoir des jeux originaux à petit budget sur console avait quelque chose de révolutionnaire. Mais le train de l’indépendance a depuis fait de nombreux arrêts. Castle Crashers mérite-t-il encore les éloges dont il a bénéficié à l’époque? Ou était-ce seulement un jeu honnête sorti sur le bon support au bon moment ?
Personne n’a pris les gens pour des jambons. S’il a été accueilli avec enthousiasme, tout le monde a pointé du doigt le problème d’alignement entre nos preux chevaliers et leurs adversaires. Peut-être pourrait-on insister aujourd’hui sur le manque de renouvellement de ces mêmes ennemis. En effet, à chaque lieu une tronche, qui semble se décupler à l’infini. On peut relever quelques colosses au milieu de la foule, mais tout ceci semble affreusement bégayer.
Mais parlons de ce qui fonctionne. Castle Crashers est fun et ne se prend jamais véritablement au sérieux, bien qu’il mette en scène décapitations et gerbes de sang à foison. The Behemoth, alors déjà auteur d’un Alien Hominid passé relativement inaperçu lors de sa sortie initiale en 2004, sait faire des jeux avec humour. Amérique oblige, on plonge parfois dans le scabreux. Voir des faons propulsés par la diarrhée que leur provoque l’ogre des lieux nous fait sourire, une fois. Tous les habitants locaux semblent ensuite être atteint du même malaise, on s’en lasse. Mais ces rares instants de lourdeur cachent de réelles bonnes idées côté gameplay, à commencer par cette course poursuite avec ce boss géant véritablement impressionant.
Malgré le nombre d’ennemis, Castle Crashers enchaîne les lieux à un rythme effréné. Tant et si bien que l’on se rend à peine compte de notre progression sur la carte, nous offrant la possibilité de retraverser chaque lieu. La petite originalité de ce Beat ‘em Up est son aspect RPG. Vos chevaliers sont en effet capables de monter en compétence au gré des affrontements. On débloque ainsi de nouveaux combos à la Double Dragon, entre deux augmentations de statistiques comme dans la majorité des jeux aujourd’hui. Mieux, le jeu cache différentes armes et animaux de compagnie pouvant octroyer quelques capacités spéciales. Sans parler de profondeur, Castle Crashers se distinguait tout de même par sa capacité à apporter un peu de neuf au genre du Beat ‘em up 2D alors en Exil. Malgré tout, il faut admettre qu’une fois que l’on a maîtrisé l’art redoutable d’enchaîner les ennemis dans les airs (1), tout autre digression semble inutile.
Car, à n’en pas douter, les 12 ans qui se sont écoulés depuis sa sortie ont permis à d’autres de renouveler l’exploit. Certains se sont plantés, d’autres ont repris le flambeau de plus belle. En relançant une partie de Turtles in Time ou de Streets of Rage II, on remarque cependant une différence notable. Ces jeux étaient courts et concentraient leurs idées au maximum pour ne laisser aucun instant de répit au joueur. Sur Castle Crashers, on peut parfois trouver le temps long. Terminer le jeu en une fois s’avère être une épreuve d’endurance plus qu’une réelle partie de plaisir. On relance donc le jeu avec moins d’entrain qu’on ne le fit avec les meilleurs représentant du genre dans les années 90.
Le cul entre deux chaises, réellement, Castle Crashers a depuis vu sa formule recopiée et améliorée. De même, nombreux éditeurs, SEGA et Capcom les premiers, ont profité de ce succès pour ressortir leurs licences phares du carton. Si vous êtes fans du genre, vous ne pouvez passer à côté. Pour les autres, il existe un éventail de choix large qui sied mieux à une partie occasionnelle. D’autant que c’est à plusieurs que l’on profite le mieux de ce genre de jeux. Dans le cas de Castle Crashers, prévoyez de réunir les mêmes personnes plusieurs soirées. L’improbabilité d’une telle récurrence passé un certain âge risque donc de porter votre dévolu sur d’autres aventures. D’autant que, comme nous le disions, Castle Crashers n’est pas exempt de temps mort.
(1) A pour sauter à proximité d'un groupe d'ennemis, puis une fois arrivé à leur hauteur et avant de toucher le sol X, X, X, Y en rythme et en boucle