Après avoir terminé Jedi : Fallen Order, on se dit que cette fameuse bande annonce diffusée durant l’E3 2019 a desservit le jeu plus que d'en faire une bonne promotion. Combien étions-nous après cet extrait à n'avoir pas été convaincu ? Un grand couloir, de la plateforme comme on en a tant vu, des combats expéditifs et un personnage pas très charismatique ; emballez tout cela dans un paquet cadeau Electronic Arts et bien des fans potentiels du jeu – votre serviteur le premier – ne se sont pas rués sur lui à sa sortie. Quelques mois plus tard, l’Ascension de Skywalker débarquait dans les salles obscures et parachevait le divorce entre les derniers fans et la franchise Star Wars. Le jeu recueillant des critiques bonnes mais sans éloge, le sort en était jeté.
Pourtant, avec des références à la série Dark Souls évoquées çà et là, on aurait eu tort de rester sur cette première fausse impression de jeu. En définitive, Jedi : Fallen Order n’a rien de linéaire et propose même un excellent level-design, rappelant celui de Metroid Prime premier du nom. Les affrontements posent de réelles difficultés. Ce n’est pas pour rien que la franchise de From Software a été évoquée en définitive. Quant à Cal, héros malgré lui, il manque toujours un peu de charisme. Mais ceci est largement compensé par l’évolution du personnage ainsi que sa relation avec le robot BD-1. A l’image de BB-8 dans les derniers Star Wars, ce compagnon qui s'accroche à notre dos tel Yoda durant les phases d'entraintement de Luke dans l'Empire Contre-Attque, montre à quel point R2D2 a prix un sacré coup de vieux.
On ira même plus loin. Si vous êtes encore traumatisés par Dark Souls, Bloodborne ou Sekiro, Jedi Fallen Order en propose une version plus accessible. Sans être linéaire donc, le jeu se dote d'une carte bienvenue et nous guide un peu plus dans notre exploration. Nos points d'expérience perdus à chaque défaite peuvent toujours être récupérés quelles que soient le nombre de tentative. Mais avant tout, cette mouture s’est débarrassée du gras : peu de statistiques, pas de pièces d’équipement en surnombre, et surtout pas de jauge d’effort. Reste des affrontements qui privilégient l’esquive, l’observation et la contre-attaque. Les lieux de méditation qui permettent à la fois de faire évoluer notre personnage, se reposer, restaurer ses « stims canisters » équivalent des potions de santé, au prix d’un retour des ennemis en poste. Tout ceci fait de Jedi: Fallen Order une expérience tout aussi riche mais bien moins frustrante que ses principaux inspirateurs.
On se doute que les concepteurs ont privilégié en premier lieu le mode de difficulté « Jedi Master », mais le standard proposé est au final bien plus équilibré pour ceux qui n’ont pas déjà écumé les jeux précités. Avec une courbe de progression douce, on se prend même à apprécier le challenge ici proposé. L’exploration étant fortement récompensée, cet équilibre vient malgré tout à être rompu pour les plus aventuriers d’entre nous. La difficulté étant donc atténuée à chaque nouvelle découverte digne de ce nom. Notez cependant que le coffres blancs ou noirs ne contiennent que des babioles esthétiques. Mais il n’y a pas que ces coffres à découvrir…
Côté technique, le jeu balance du lourd. Sans être au niveau des dernières productions Naughty Dog on est clairement dans le haut du panier. Les superbes effets de lumière des sabres lasers font vibrer nos petits cœurs de fans de la saga. Tout ceci met la Xbox One X sur les rotules. La résolution 4k proposée en natif entraine des chutes de framerate assez régulières, en particulier sur Kashyyyk et sa flore fournie. On vous conseillerait bien d’activer le mode performance dans les options, mais du coup les textures en prennent un méchant coup (en particulier lors des passages où l’on se faufile). Côté sonore, ça manque toujours de mélodie (donc oubliez la BO). Soulignons cependant la remarquable performance de Stephen Barton et Gordy Haab, ce dernier ayant déjà plusieurs jeux Star Wars à son actif. On croirait entendre John Williams tout du long. Les passages scriptés en particulier, sont remarquablement rythmés sur l’action.
Malgré quelques petites bévues sur le plan technique, c’est grâce à ses petites touches dans les finitions que l’on a eu du mal à lâcher ce dernier Star Wars. Le jeu propose vraiment une continuité à l’univers, sans nécessairement pointer du doigt toutes les analogies avec les films. Sans avoir une histoire démentielle à proposer, la qualité de son écriture place le jeu dans le haut du panier. Bien plus qu’une énième couleur de peinture pour DB-1 ou notre vaisseau le Mantis, c’est surtout l’immersion dans le lore qui nous a donné envie d’explorer les derniers recoins de chaque planète. Avec ses tombes minutieusement agencées, ses énigmes bien senties et son level-design soigné, c’est finalement plus aux 2 derniers Tomb Raider qu’aux épreuves de tortures de chez From Software que l’on a envie de comparer ce Jedi : Fallen Order. Pour nous, c’est signe de qualité.