Note: 3/5 (bon)
Genre(s): Survival Horror, Third Person Shooter
Développeur(s): Visceral Games
Date de sortie initiale: 5 février 2013
Découverte: Février 2015
Testé sur: Xbox One X, Xbox 360

Interrogée par le magazine Edge à l’occasion de la sortie de Dead Space 3, Yara Khouri, producteur déléguée du jeu, leur précisait que l’ajout de séquences de tir derrière des barricades résultait de la volonté du studio d’apporter de la variété et de la fraicheur à la série. Une fois arrivé au bout des 20h de la campagne, on ne peut s’empêcher de penser que les quelques efforts notables ont été vains. Dead Space 3, campé sur les solides bases des deux premiers épisodes, tend en effet à fortement se répéter, au point de créer une véritable lassitude.

La question portait cependant sur l’ajout de phases de tir contre des soldats, avec barricades à l’appui, comme beaucoup trop de jeux ont eu tendance à en rajouter. Le prétexte de la variété n’était qu’une façon élégante d’éviter la question qui fâche. Partie d’un Survival Horror magistral, à l'image de Resident Evil, la série s’est réorientée au gré de ses épisodes. La trilogie Dead Space est en effet le sinistre témoin d’un conflit d’intérêt entre un studio doué et un éditeur avide d’argent. On ne peut d’ailleurs pas reprocher à l’éditeur de ne pas s’être donné les moyens de ses ambitions. Mais pour bien comprendre Dead Space 3, il faut d’abord savoir que si Dead Space 2 s’est vendu 2 fois mieux que son ainé, le seuil de rentabilité qu'il devait atteindre était nettement supérieur.

Or, pour tripler les ventes d’une suite, il n’y a pas 36 façons de faire. Il faut viser plus large et faire « ce qui se vend ». En témoigne donc l’incongru mode en ligne multijoueur de Dead Space 2, et cet ajout d’un mode coopératif plus encore invasif dans ce troisième épisode. Des éléments sur lesquels l’éditeur a donc forcé la main du studio. Pire, quand le studio avance l’idée géniale de faire du second joueur la projection schizophrénique du protagoniste principal, l’équipe marketing refuse l’idée. Voilà comment nous nous retrouvons avec un Sergent Carver inséré au forceps. Pour tous ceux qui ont joué seul (comment faire autrement avec une campagne de 20h ?), ce dernier apparait et disparait donc de manière inopinée pour des interventions sans le moindre intérêt. Au point de nous faire presque regretter l’IA déficiente de notre partenaire dans Resident Evil 5.

Mais Dead Space 3 repose cependant sur les bases solides de ses prédécesseurs. S’il rate à peu près tout ce qu’il entreprend de nouveau, difficile de bouder ce qu’il affine. Au système d’achat d’armes se substitue donc la fabrication de celles-ci. Le résultat fait corps avec l’univers et le métier de notre personnage principal. Avec un seul type de munition, on se retrouve avec le champ libre pour expérimenter librement. Il est alors facile d’exploiter le système pour aboutir à des combinaisons extrêmement puissantes. Ce que le jeu perd en frustration, il le gagne ici en liberté.

Nombreux sont ceux qui pointeront la perte sensible de l’aspect « Survival Horror ». Un ennemi seul constitue rarement une menace. Même le surnombre ne suffit plus à nous effrayer. On revient donc à notre premier paragraphe et au manque sensible de variété de la série. Les mêmes métamorphes sont en effet recyclés depuis Dead Space premier du nom. Un défaut qui nous avait déjà sensiblement irrité dans le second.

Seul regret ? Ce qui nous a été vendu pour un Dead Space 4 qui ne verra probablement jamais le jour. Une aventure moins dirigiste qui s’inspirerait du meilleur tiers de ce Dead Space 3. Une fois quitté la Lune et ses religieux extrémistes, on se retrouve dans l’espace à voguer au gré de plusieurs vaisseaux fantômes. Aux couloirs claustrophobiques du premier épisode s’adjoint une partie d’exploration spatiale – avec perte de repères optionnelle - assez savoureuse. La musique reprend le Gimmick des notes qui se répètent et s’évanouissent, emprunté à Jerry Goldsmith (Alien), pour un résultat saisissant. Y placer une sorte d’Open World de l’espace aurait été l’idée magique.

Faute d’un Dead Space 4 moins linéaire – précisons tout de même que Dead Space 3 se dote de quêtes annexes – on vous recommande Prey. Celui de 2017 qui ne manque pas d’idées ingénieuses. La jouabilité y est certes bien moins réussie que dans la série Dead Space, mais l’idée d’exploration spatiale non linéaire y est intacte. Quant à Dead Space 3, on ne le conseille que si vous avez déjà retourné les deux premiers et que vous en voulez plus malgré tout. Mais on le conseille quand même.