Note: 2/5 (moyen)
Genre(s): Action aventure, Run and Gun
Développeur(s): Team Ninja
Date de sortie initiale: 31 août 2010
Découverte: 2018
Testé sur: Wii U

Nous vous en parlions il y a quelques jours, après 3 épisodes applaudis par la critique et les joueurs, Retro Studio s’est lassé de la série Metroid. C’est donc à la Team Ninja, filiale de Koei Tecmo connue pour la série Dead or Alive et la reprise de Ninja Gaiden au début des années 2000, que Nintendo confia de nouveau son poulain. Visiblement fan de l’épisode Super Nes, la Team Ninja décide de revoir le jeu de fond en comble. Other M se dote d’une combinaison de vue de ¾ et de première personne à l’image des premiers épisodes de la saga Metal Gear Solid.

Peu convaincu par la maniabilité de l’épisode Prime 3 Corruption, on avoue avoir accueilli cette refonte avec optimisme. Depuis sa sortie et quelques critiques excellentes l’ayant accompagné (1), Other M souffre cependant d’une mauvaise réputation. Après quelques heures passées à arpenter les couloirs du Bottle-Ship (ou Station-Bouteille), on comprend les réticences. Le jeu se rate en effet sur quelques points sensibles, en particulier la façon dont Samus se retrouve à devoir obéir constamment à un supérieur hiérarchique. Loin de la liberté qu’offre en général la série, notre héroïne se retrouve ainsi confrontée à des portes qui s’ouvrent et se ferment sans que l’on ne comprenne réellement la raison ou l’urgence. Pire, on nous commande parfois de nous rendre dans certains lieux où il ne se passe absolument rien, pour devoir finalement changer de direction de manière impromptue et ainsi faire demi-tour.

Ce côté dirigiste s’associe avec une façon très particulière que le jeu à de brider Samus. Le jeu ne nous introduit pas de changement d’armure ou d’accident expliquant la perte de ses aptitudes cette fois-ci. Tout l’équipement amassé dans Super Metroid est bien là, mais une fois de plus un ordre militaire nous contraint de ne pas l’utiliser. Si cette justification reste plausible concernant les armes (trop dangereuses…), on est déjà plus frustré de constater qu’après avoir passé quelques minutes à perdre nos précieux points de vie dans la fournaise, la Varia Suit est en réalité accessible à portée d’un ordre puis d’un clic. Notre Général va donc copieusement ignorer ce qui s’apparente à des culs de sacs et d’autres objets précieux inatteignables tout au long du jeu, pour parfois se réveiller d’un coup… souvent trop tard, afin de nous autoriser l’accès à notre propre équipement. Le pire étant la super bombe et la façon dont nous sommes finalement autorisés à nous en servir… Soluce obligatoire ?

Mais imaginons un instant qu’aucun autre épisode de Metroid n’ait jamais vu le jour. On a en effet apprécié plus d’un jeu linéaire avec système de progression douteux. Metroid Other M pêche également sur les différentes façons qu’il offre de contrôler Samus. A la troisième personne, tout se passe globalement bien malgré l’absence de stick analogique et l’absence de profondeur causée par les seules touches 1 et 2 (tir et saut). On peut s’irriter de quelques passages où la caméra vient se coller au dos de Samus où on la contrôle façon "tank" à la Resident Evil. Parfois un peu longues, ces séquences se concentrent sur l'exploration et la narration, cette grosse pilule finit par passer.

Pour que Samus lâche ses missiles, en revanche, il faut passer en vue à la première personne, ce qui se réalise en pointant la Wiimote vers l’écran. La transition est parfois délicate. La Wii ne permettant pas de calibrer son pointeur, notre regard ainsi mené se dirige systématiquement vers le haut (défaut dépendant de la taille de votre écran et de la position de la Wii Motion Bar) ce qui est particulièrement irritant. Certains ennemis étant de vrais sacs à points de vie, on doute souvent de l’efficacité de nos tirs et de la nécessité ou non d’user de missiles. On confirme que c’est le cas pour au moins une espèce dotée d’une carapace sur la tête. Tout ceci se cristallise dans la dernière séquence du jeu où, assaillis par un trio de créatures inconnues, nous sommes contraints d’user de cette vue à la première personne sans possibilité de déplacement ou d’esquive. Cette séquence à elle seule, aussi frustrante que le boss de fin du premier God of War, nous à fait passer la note de 3 à 2.

On ne s’étalera pas davantage sur un scénario de série Z japonaise beaucoup trop bavard et qui pourtant nous laisse des canyons non élucidés en sortie de piste. Pas plus que sur la propension du jeu à vouloir recopier son modèle jusqu’au moindre détail au point d'exaspérer (entendu dans le jeu : « Cette zone est comme Tourian », lieu visité dans Super Metroid). On doit cependant confesser avoir pris notre pied lors de quelques retrouvailles avec certains boss de Super Metroid fort réussies. Metroid Other M n’est pas à la hauteur de la série. Mais celle-ci est si peu fertile qu’il fait cependant office d’amuse-gueule correct, en attendant signe véritablement digne de ce nom.

(1) 17/20 dans Joypad, 18/20 sur jeuxvideo.com, 8.5/10 sur ign.com