Note: 4/5 (excellent)
Genre(s): Beat 'em Up
Développeur(s): Dotemu, Guard Crush Games, Lizard Cube
Date de sortie initiale: 30 avril 2020
Testé sur: Xbox One X

Dès l’historique Summer of arcade de 2008 sur le Xbox live, la scène indépendante a montré qu’elle était capable de faire du neuf avec du vieux. Même dans le domaine du Beat ‘em Up, Castle Crashers venait nous mettre un bon coup de pied au derrière avec un jeu certes peu original, mais à la direction artistique rafraichissante. Avec Braid ou Geometry Wars : Retro Evolved 2 figuraient également quelques classiques réimaginés tels que Galaga Legions et Pac-Man Chamionship Edition. Depuis, la scène indépendante surfe autant sur le rétro que les grandes écuries tentent de nous refourguer des redites de leurs gloires passées. Ainsi, après des épisodes de Double Dragon plus ou moins controversés et un nombre de portages sans fin des trois premiers épisodes, Streets of Rage s’essaye enfin à une suite.

On présume que parmi les studios qui ont ici collaboré, Lizard Cube (Wonder Boy : The Dragon’s Trap) est à l’origine de la direction artistique. L’animation 2D très propre ici proposée n’est pas sans rappeler l’excellente série d'animation Last Man, dans son cocktail mélangeant influences européennes et japonaises. On peut déplorer un côté trop « propre », et cette persistance à cantonner la gent féminine dans une caricature visuelle d’un autre âge. Axel a en effet mieux vieilli que Blaze sur ce coup. Le tout urbain brosse notre nostalgie pour les films d’action des années 90 voire 80 dans le sens du poil. Les références aux anciens jeux de la série, et quelques autres, sont nombreuses.

Streets of Rage 4 semble toutefois beaucoup lorgner sur le deuxième épisode de la série, nonobstant bien des améliorations que le troisième épisode avait apporté avec lui. On regrette en particulier l’impossibilité d’effectuer des roulades dans le sens de la hauteur. Mais s’il ignore un peu trop les qualités du troisième épisode, considéré moins bon pour des raisons tout autres, il ne fait pas du surplace pour autant. Streets of Rage 4 permet en effet d’enchaîner les combos une fois l’ennemi propulsé dans les airs pour un résultat plus que satisfaisant. Sans faire dans la surenchère avec une liste de coups sans fin (chère aux Beat ‘em Up 3D), notre panel de possibilité s’étoffe de quelques subtilités bienvenues qui permettent de faire avancer la série sans en trahir l’ADN.

La série n’étant pas reconnue pour son originalité (à l’exception des musiques, tout avait été repompé sur Final Fight), trouver le juste milieu entre hommage et évolution n’était pas une mince affaire. Streets of Rage 2 en son temps tenait déjà plus du remake que de la suite. On présume que les libertés prises par le troisième épisode sont ce qui lui a été le plus reproché. Le petit dernier parvient néanmoins à se situer dans la courbe de progression très douce des deux premiers épisodes, et ce avec une justesse saisissante.

Car là où le jeu était attendu au tournant, c’est du côté musical. Après 2 épisodes restés dans les annales, c’est sur ce plan que le troisième avait le plus perturbé. Yuzo KOSHIRO qu’on ne présente plus, et Motohiro KAWASHIMA (compère historique du précédent) avaient rendu une copie très expérimentale, usant d’une IA très capricieuse pour certaines pistes. Les duo est en quelque sorte de retour le temps de quelques titres, pas les plus réussis. On retrouve d’ailleurs avec eux d'autres invités prestigieux (1), mais c’est avant tout Olivier DERIVIERE – que l’on avait déjà remarqué sur l’excellent Remember Me – qui est à l’origine de l’essentiel de cette superbe BO. Là encore, on admire à quel point le tout parvient – vague de synth wave retro futuriste aidant – à suivre la ligne des prédécesseurs tout en la modernisant.

Trop classique pour certaines critiques. On peut en effet regretter que Streets of Rage 4 prenne son côté série B un peu trop au sérieux, contrairement à un Double Dragon Neon qui se lâchait complètement de ce côté-là. Le cocktail procure pourtant bien les sensations que l’on était venues chercher, à coup de techno et castagne. Si la trilogie d’origine avait à l’époque eu bien des concurrents (citons le barbant Pirates of the Dark Water sur Super Nintendo, dont la palette de coups était comparable, histoire de sortir des sentiers battus), personne n’avait été en mesure de surpasser le deuxième Streets of Rage à l’époque, resté depuis la référence (avec Turtles in Time, certes). Ce quatrième épisode parvient, avec tout l’anachronisme dont il fait preuve, le recul aidant, à réussir telle prouesse.

(1) Chronique de l’OST à venir pour les détails