Note: 4/5 (excellent)
Genre(s): Action aventure
Développeur(s): Grezzo, Nintendo
Date de sortie initiale: 20 septembre 2019
Testé sur: Switch (standard)

Initialement sorti en 1993 sur Game Boy, Link’s Awakening était une prouesse technique sur la portable 8 bits de Nintendo. Prouesse qui a d’ailleurs longtemps fait fantasmer les possesseurs de Super NES, en manque d’une suite digne de ce nom à A Link to the Past. Avec la sortie d’une refonte en 2019 sur Switch, Nintendo a balayé d’un coup tous les projets amateurs plus ou moins actifs de refonte du jeu. Ce n’est certes pas la version Game Boy Color qui nous avait convaincu de repasser à la caisse. Plus probable, la « génération Pokemon » avait dû se faire une joie de découvrir ce classique une fois le pokédex rempli à ras-bord.

Nous autres, les vieux, avons ainsi rongé notre frein en attendant Ocarina of Time sorti 5 ans plus tard, à coups de Terranigma et autres Légende de Thor, très sympathiques au demeurant. Link’s Awakening avait néanmoins fait office d’encas frugal. Reconnaissons qu’il était tout de même légèrement inférieur à son aîné sur Super NES, a minima d’un point de vue statistiques.

Nintendo, dans la mouvance générale, 26 ans après l’original, se décide à redonner un coup de peinture sur cet épisode. En fait de remake, il s'agit surtout de refonte graphique. Il y a bien quelques différences en termes de Gameplay. On note essentiellement la possibilité d’assigner 2 objets optionnels en plus de l’épée et du bouclier, ce que permettent les touches en plus des consoles modernes. Mais dans l’ensemble, nous avons affaire à une copie en couleur, calquée sur le jeu original.

La refonte n'est visiblement pas au gout de tout le monde. Certains ont en effet reproché au titre une direction artistique très pauvre. Pour notre part, ce design très fidèle à l’original – dans l’esprit des représentations en 3D des personnages de Final Fantasy VI – nous sied à ravir. C’est plutôt côté technique qu’on a quelques reproches à adresser. Le jeu souffre en effet des quelques baisses de framerate absolument incompréhensible pour une machine capable de faire tourner Skyrim, Breath of the Wild ou Mario Odyssey. On nous impose également une sorte d’effet de focale, qui rend certaines parties du décor flou en fonction de là où se trouve notre personnage. On se serait allègrement passé de ces artéfacts inconvenants.

On peut également regretter quelques loupés côté refonte du Gameplay. Du côté des déplacements, Link ne se dirige que dans 8 directions et ignore totalement toute notion de stick analogique. Un comble pour la firme qui avait popularisé ce pas de géant pour le jeu en 3D sur Nintendo 64. Il y a également une sorte de palais bonus à construire soi-même, ajout très dispensable qui semble faire disparaitre en fumée tout espoir de voir un jour sortir un « Zelda Maker ». Rien de franchement pénible, ceci étant.

Reste le jeu original, un bijou, que cette refonte sublime au demeurrant. Rappelons au cas où que la série The Legend of Zelda est un fleuron du genre Action aventure. Cet épisode avait pour originalité de proposer une plume permettant de sauter et quelques combinaisons inédites d'objets plus classiques. En outre, l'île tropicale de Cocolint possède quelques particularités uniques (Marine, le village des animaux...) en comparaison du Royaume d'Hyrule qu'on nous ressasse à chaque autre itération de la série. Les petits défauts que nous avons énumérés peuvent en effet être facilement ignorés. Ils sont même dérisoires face au plaisir immense de rejouer à ce Link’s Awakening sur écran large et en couleur. On regrette un peu que notre mémoire ne sache pas effacer les solutions des énigmes les plus ardues, dont certaines avaient été largement divulgâchées par la presse de l’époque. On en avait rêvé il y a des années, Nintendo l’a enfin fait. Espérons qu’on finisse par voir un nouvel épisode 2D original aussi réussi un jour ou l’autre. La Switch semble être le support idéal pour celà.